Dès le portail aux
dessins géométriques, le visiteur ressent la force du concept
d’une architecture hors de toutes conventions : deux allées qui
partent en diagonale celle de gauche seule menant à la villa principale.
Pour entrer, un cheminement tout aussi inattendu, puisqu’il faut traverser
une entrée entourée de hauts murs où se profile une
sculpture dogon pour enfin, après avoir descendu les larges marches
du hall, parvenir dans une "cathédrale” de lumière haute
de huit mètres.
Un espace aux dimensions inédites,
éclairé d’ouvertures rectangulaires tout aussi hautes et
surplombé d’une longue coursive en mezzanine, d’où la vue est
encore plus spectaculaire, se heurtant à l'imposant pilier carré
central qui se termine en forme de croix.
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Et pourtant, ce n’est qu’une maison de vacances,
perdue au bout d'une toute petite route de l'arrière-pays grassois,
"dernière maison de la civilisation" comme aime à le dire
son propriétaire.
Un propriétaire certes peu conventionnel
puisqu’il s’agit de Peter Klasen, grand artiste plasticien d’origine allemande,
amoureux de la France et d’une française.
Ouvert et généreux, Peter Klasen
aime faire visiter sa maison, et en parler :
- “C’est une maison qui respecte la nature
environnante et qui a sa spiritualité propre - le pilier en forme
de croix symbolisant l’arbre de vie. Sa hauteur imposante donne une respiration particulière
à la dimension humaine”.
Façon sans doute d’exprimer que
le gigantisme ne lui fait pas peur, comme cette installation de 35.000
mètres carrés qu’il a réalisé dans le quartier
de La Défense à Paris. |
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Une symbiose entre l’artiste
et l’architecte
L'histoire de la maison commence en 1974, dans
un restaurant de Tourrettes sur Loup, où Peter Klasen rencontre
pour la première fois les Petitcollot, couple d'architectes qui
vit comme lui dans une des vieilles maisons du village.
L’un est un Allemand du nord né à
Lübeck, l’autre d'une vieille famille parisienne - et pourtant, le
courant passe. Devenus amis, partageant des vues communes sur l’art et
l’architecture, c’est tout naturellement qu’ils décident de travailler
ensemble, le jour où Peter Klasen trouve le terrain de ses rêves
dans la région grassoise. |
C’était en 1989, époque d'euphorie
portée sur l'art d'avant-garde.
Ayant en tête quelques idées
très précises (lire en encadré), l'architecte réalise
une première maquette qui plaît aussitôt à Peter
et à son épouse Claudine, tous deux adeptes du style “Bauhaus”,
minimaliste et dépouillé.
Également passionnés d’art africain
et de design, le couple Klasen rêvait d’un lieu ouvert, convivial,
exemplaire où ils pourraient recevoir famille et amis, et également
“mettre en scène” leur collection de masques Dogon de grande dimension (l’un
d’eux mesurant près de six mètres de haut) ainsi que les
oeuvres d'art de leurs amis - Villeglé, Raymond Hains, Alain Jacquet
ou Ben. |
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Habitués des dimensions hors normes
- depuis qu’ils ont réhabilité en loft une ancienne usine
à Vincennes, la proposition de l’architecte ne leur fait pas peur
: ni le concept généreux des quatre cubes blancs disposés
en diagonale autour du vide - manière d’exprimer “la présence
forte du vide “selon les termes de l’architecte. Ni les deux énormes
piliers tels des totem plantés au milieu du séjour et de
l’atelier.
Les Klasen ont pu apporter leur touche personnelle, comme ces
poignées de portes en forme de petites roues métalliques,
en référence aux tableaux du peintre.
La villa Klasen est aujourd’hui une référence
sur le plan international en matière d’architecture contemporaine
sans compromis. |
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Peter Klasen
A 69 ans, Peter Klasen est aujourd'hui un artiste
de renommée dont l'oeuvre acquiert une notoriété internationale. Figure
majeure du mouvement "Figuration Narrative", cet allemand à Lübeck
est arrivé à Paris en 1959, après les beaux-arts de
Berlin, pour ne plus quitter la France.
Son travail, s'appuyant sur des documents
photographiques et toujours lié à des problématiques
contemporaines, explore les thèmes de la froideur de la machine
et de la technologie ”dans sa confrontation conflictuelle à l'humain”
voire à la sensualité pour ses tableaux les plus récents.
On trouve ses oeuvres dans 70 musées à travers le monde dont
les plus grands : Beaubourg ou le MOMA de New York.
Claudine d'Hellemmes, qu’il a épousé
en 1987, et avec qui il a deux filles de 16 et 13 ans, Sydney et Joy, est
architecte d'intérieur : c’est elle qui a dessiné une grande
partie du mobilier de la villa.
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