Après une formation d’acteur puis de
réalisateur de télévision, Giorgio Laveri débute
sa carrière comme acteur, profitant de chaque rôle pour apprendre,
touchant à tous les petits métiers du cinéma - assistant
de plateau, aide technicien - avant qu’une grande production ne l’embauche
comme assistant metteur en scène.
En 1973, il fonde une troupe de théâtre,
“Rosacroce” et signe plusieurs spectacles satiriques : “Comme tous les
jeunes des années 70, j’étais contestataire et pensais qu’il
était suffisant d’avoir les cheveux longs, donc j’avais les longs
cheveux et en plus j’étais barbu. Mais bientôt, je compris
que l’apparence n’est pas la juste direction.”
Giorgio Laveri réfléchit alors
sur le pouvoir et la normalité : “dans mon spectacle, la belle “endormie”
n’était pas belle et les assassins étaient des hommes qui
ont besoin d’être aidés …”
S’inspirant du Cabaret et du café-théâtre
pour les situations et les chansons, le groupe Rosacroce fut à l’avant-garde
des mouvements de jeunesse. |
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Après avoir travaillé un temps
comme metteur en scène pour une émission de jeu de la télévision
suisse, il réalise une douzaine de courts-métrages publicitaires.
Avant de signer - en 1978 - la réalisation
de son premier film, “la promesse de mariage” : “Ce film qui raconte
la vie d’un groupe de pauvres qui font tous les petits jobs pour survivre.
Dans ce groupe, il y a un jeune qui promet à sa femme de se marier…”
Un film réalisé avec un petit
budget qui remporta à Rome, au théâtre Flaminio, le
prix de la critique. |
Natif de Savone, Giorgio Laveri s’intéresse
forcément à la céramique, puisqu’il vit à quelque
minutes d’Albisola, haut lieu de la céramique d’art depuis 5 siècles
: “Quand j’étais petit, j’allais voir travailler l’argile
dans les ateliers d'Albisola.”
Depuis sa première exposition personnelle
à Gênes en 1973, jusqu’à “Cineceramica” en 1986
- photogrammes fixés sur l'argile et objets reproduisant des grands
mythes de la “celluloïd” - Giorgio Laveri refuse de choisir entre
cinéma, théâtre, peinture et céramique, mais
tente au contraire de “développer des corrélations”, de parler
du cinéma à travers la céramique. |
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Giorgio Laveri au travail dans
l'atelier Ernan d'Albissola, capitale de la céramique d'art
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En 1990, il va plus loin dans sa recherche
en créant sa première pièce de théâtre
sur le thème “céramique-lumière-mouvement”,
dans laquelle “des acteurs et de la céramique interagissent sur
la scène sur une chorégraphie lumineuse” : “Sur la scène,
j’avais placé des sculptures en céramique de 2 mètres
de haut, qui représentaient des sortes de personnages que j'ai éclairé
par de grandes lumières électroniques commandées par
un ordinateur. Deux acteurs à l'extérieur de la scène
donnent leur voix aux différents “personnages”. Le sujet est un
thriller avec un inspecteur, des suspects, la victime et l'assassin. Tout
se dénoue à la fin quand on découvre l'assassin. Moi
même, je joue sur scène le rôle de l’inspecteur,
donc tout le spectacle est une sorte de performance, mais c’est en même
temps une action théâtrale, une exposition de céramiques,
une lecture des textes …”
Présentée en avant-première
nationale au Festival de Théâtre de Borgio Verezzi,
cette pièce fera le tour de nombreuses villes italiennes. |
En 1993, il adhère au groupe français
Art Mobil avec lequel il projette une série d'événements
en Italie et en France, comme la signature avec Patrick Moya et Véronique
Champollion du Manifeste du Mouvement Artistique Méditerranée,
toujours en évolution.
Il participe ensuite à une série
d'événements internationaux parmi lesquels l’exposition de
groupe sur le thème “la Nouvelle École de Nice”, à
Nice et Montpellier (1995).
En 1996, il fonde, avec le Département
de Santé Mental de Gênes, le groupe “le Jardin du Magicien",
pour lequel il a écrit et dirigé cinq spectacles théâtraux
et deux films distribués dans les circuits d'art et d’essai en Italie
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- “Dans les années 70, je ne savais
rien de la folie et de «la normalité», j’étais
à la recherche d’un style, mais c’est la rencontre avec Giorgia
en 1982 - une spécialiste en logopédie qui a passé
sa vie à côté des malades et, donc, de la souffrance
- qui m’a permis de mieux comprendre. Aujourd’hui, les acteurs de mes films
font partie d’un groupe dans lequel est tombée la barrière
entre maladie et normalité, car pour moi, l’art n’est pas la recherche
d’un style. C’est apprendre à mieux vivre-pour ou vivre-avec
?”
Parmi les rencontres marquantes, celle
de l’artiste niçois Patrick Moya, un “ami depuis 11 ans” qu’il aime
“comme homme et comme artiste” et lui a fait découvrir la France
et la Chine.
Et aussi celle d’Alexandre Jodorowsky,
cinéaste, romancier, scénariste de BD, que Laveri admire
depuis longtemps “pour son style et son besoin d’expérimenter
: “j’ai passé 30 ans à réfléchir sur
son travail avant de le rencontrer àGênes : grâce à
lui, j’ai commencé à comprendre mes limites”. |
- “Selon moi, l’artiste n’existe pas, mais,
plutôt, l’homme qui à besoin de s’exprimer à travers
l’expression artistique. Je pense que chacun de nous peut être artiste,
tout dépend de ce qu’il a en lui.
Aujourd’hui, je fais du cinéma pour
parler de l’homme et de ses peurs et je fais de la céramique
et des toiles pour montrer le cinéma.”
Dans mes “bobines”, vous trouverez
ce que j’appelle “l’usine des songes”. Chacun de nous peut y voir ce qu’il
veut, et surtout, ce qu’il a en lui, ses propres souvenirs, ses propres
rêves, tout ce qui n’appartient qu’à lui.
Par contre, j’ai créé
mes rouge-à-lèvres avec une ambition essentiellement esthétique
: ils sont “impossibles”, donc ils ne servent a rien.
Celui qui les achète leur donne
un rôle, celui de sculpture … Alors, on peut sans doute parler d’art.” |
Giorgio LAVERI et Florence
CANARELLI chez Ferrero
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