CARNAVAL DE NICE 2009
Le char Moya entre
réel et virtuel

Le premier char Moya, une oeuvre commune entre un artiste et un carnavalier (à gauche).
A droite, le char Moya virtuel construit par l'artiste sur son île de Second Life.

 


Par Florence Canarelli
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Les dessins de Moya
La « Maison de carnaval » existe, c'est un gigantesque hangar caché dans une rue tranquille du quartier de Riquier à Nice.  Tout commence en septembre, avec la réception des dessins : sur une centaine de candidatures, moins de 20 seront retenues.
En cette année 2009, ont participé à parts égales des artistes (comme Patrick Moya), illustrateurs (Virginie Broquet), dessinateurs de presse (Kristian), et même les carnavaliers.
A partir des dessins des « ymagiers », les carnavaliers commencent à travailler en novembre  : ils sont deux, deux familles historiques, les Povigna et les Pignataro, et ont  tout juste trois mois pour réaliser le dessin au format, la carcasse métallique qui sera recouverte de papier (voire de vieilles cartes postales) ensuite enduite de colle, les éventuelles modelages de pieds ou de mains dans le polystyrène, et les mécanismes permettant les mouvements du char.
Carnavalier est un métier à la fois technique et créatif, unique en son genre comme nous l'explique l'un d'eux.

Cédric Pignataro, 30 ans, carnavalier depuis 4 générations

Son aïeul Licou est arrivé d'Italie voici 120 ans, aux tout débuts du carnaval. Né à Nice dans une famille de carnavaliers depuis quatre générations, Cédric Pignataro a repris en 1999 l’affaire de son grand-père, après une formation en dessin et volume à la chambre des métiers.
Autant dire que Cédric est tombé dans le bain depuis tout petit. Autour de la table familiale, on parle carnaval encore et encore : c’est en écoutant parents et grands-parents qu’il apprend les subtilités du métier, par exemple que la couleur rose s’associe bien avec le jaune sur un tissu. Et en fréquentant depuis le plus jeune âge la maison de carnaval, où il se sent chez lui.
Outre « un état d'esprit, une culture particulière », Cédric voit dans son métier « un moyen d’expression », où il est possible de « dire des vérités et de se défouler avec humour, de façon amusante. »
Techniquement, il faut maitriser la sculpture aussi bien que la fabrication des automates, tout en apportant sa touche créative personnelle : « à partir du même dessin, on peut faire dix chars différents »
 

Le char Moya en construction dans la Maison de Carnaval 






Moya avec Pignataro (photos Pierre Thevenard)
 

Pignataro a choisi Moya, dont il est « fan » depuis longtemps

- « Ma Dolly a enfin un profil : Cédric a réussi à la représenter en volume ! »
Si Moya est content de « son » char, Pignataro aussi, de travailler pour l’artiste niçois, dont il est « fan » depuis longtemps : « je me suis beaucoup documenté sur Moya, j’ai essayé de respecter au mieux le style de ses personnages ».
Où l’on retrouve en effet l’âne et le pinocchio, l’ourson et la Dolly … Sans oublier le personnage de « moya » - un autoportrait décalé de l'artiste, avec son crâne rond et ses lunettes - tout à fait ressemblant, si ce n'est qu'il mesure sept mètres de haut.
Moya est ravi : "plus mon personnage est grand, plus je suis content !"
L'écran d'ordinateur devant lequel est assis le personnage sera une première : une video - conçue par Moya lui-même, sera projetée par un video-projecteur fonctionnant grâce à un groupe électrogène. Mais Moya veut en faire plus : il propose de peindre lui-même le tissu qui cache le soubassement du char. Cédric acquiesce, il achètera un tissu noir que Moya pourra emporter chez lui pour y travailler dans son atelier. Quant à Moya, une fresque de plus de 40 mètres de long ne lui fait pas peur !
C’est Pignataro qui aura le dernier mot, se réservant le choix de couleur de la moquette : rouge ou bleue … Ce genre de décision artistique se prend à la fin, en fonction de l'ensemble.
Et quand Pignataro raconte qu’avec son entreprise, Nice Festivités, il a travaillé pour des artistes, Moya est aussitôt intéressé : et d'imaginer tous deux l'univers Moya en volume, un ours en peluche ou une Dolly géante !      

Le char Moya défile dans le carnaval de Nice 2009








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