Wilmotte, entre classique et moderne Un style « novateur et rassurant », une harmonieuse cohabitation de l’ancien et du moderne, rien de brutaliste : est-ce le secret du succès de Jean-Michel Wilmotte ? Avec 150 collaborateurs - dont 8 sur la Côte - de 25 nationalités différentes, qui travaillent en permanence sur plus de 100 chantiers, l’agence Wilmotte est assurément une succes story. par Florence CANARELLI |
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Le relookage des mythiques chaises bleues de la Prom, en 1996, c'est
lui : elles ont eu un tel succès que, sur les 2000 exemplaires
fabriqués, il n'en reste qu'un petit tiers, les autres ayant été
vandalisé, mais surtout volé, pour agrémenter bien des terrasses ou
jardins azuréens. Entre la Côte d’azur et Paris, de la France à la Corée, du Liban au Luxembourg, en passant par le Portugal, l'Italie, la Russie ou les Etats-Unis, des Champs-Elysées au musée du Louvre, du tramway d'Orléans aux boutiques Cartier, de la rénovation d'un bistrot à l'aménagement urbain, Jean-Michel Wilmotte se démultiplie. Mais comment fait-il ? Wilmotte, la bougeotte ! Né à Soissons (Picardie) en 1948, diplômé de l’école Camondo, Jean-Michel Wilmotte fonde son bureau d’études à Paris en 1975. Commence alors une brillante carrière d'architecte d'intérieur et de créateur de mobilier : artiste autant qu'entreprenant, bien épaulé par une directrice générale à la gestion, son style sobre et élégant, ni trop classique ni trop moderne, séduit de nombreuses personnalités … dont François Mitterand, qui lui demande d’aménager ses appartements privés de l’Elysée. Wilmotte a 35 ans, sa carrière est lancée après ce formidable coup de pub ! Bientôt, c’est le maire de Nîmes Jean Bousquet qui lui commande le réaménagement de la mairie puis du musée des Beaux-Arts, ne tarissant pas d’éloges sur « son analyse rapide, son jugement sûr et sa vision, qu'il a su si bien me faire partager. Je lui ai immédiatement fait confiance » En 1993, estimant sans doute que son action est trop limitée, il passe un diplôme d’architecte. Dès lors, il peut se mettre à travailler à grande échelle, et développe le concept d’ « architecture intérieure des villes », avec toujours le même souci de «matériaux nobles et attention extrême portée aux finitions » Au fil des années, il se spécialise dans l’aménagement des lignes de tramway (Lyon, Orléans, Valenciennes, et même Paris, la ligne des Maréchaux Sud). Dans la construction ou la restructuration de musées : musée du Chiado à Lisbonne, de la Mode à Marseille, des beaux-arts à Lyon, salle des arts premiers du Louvre … Sont également en cours de travaux le musée de l’Homme à Paris, le Centre National du Costume de Scène à Moulins, le musée d’art et d’industrie de St Etienne … Et il passe avec aisance et souplesse du mobilier urbain des Champs-Elysées au siège du Medef, du show-room de John Galliano à une agence bancaire en Turquie ou à l’intérieur de l’aéroport de Séoul en Corée. A Paris, le cabinet Wilmotte - deux tiers d’architectes et 20% d’architectes d’intérieur - occupe tout un immeuble. Si Wilmotte initie toujours chacun des projets, il n'a matériellement pas le temps de les développer. «Je délègue, laissant mes collaborateurs enrichir la proposition. Puis nous la revoyons ensemble». Belle réussite pour ce jeune homme timide, secret, discret selon les uns. Mondain, bon vivant, selon les autres. Mais avant tout, comme il se décrit lui-même : « athlète de l’action, acharné de travail, émerveillé de l’ouverture culturelle, extrémiste de l’exigence, pourfendeur des routines, mais fanatique du concret » |
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