COLLECTIONNEUR
 
NORBERT PASTOR
de la thérapie à l'art

Avec un père ébéniste d'art, Norbert Pastor est depuis toujours sensibilisé à l'art. Voila comment un médecin généraliste a pu devenir collectionneur puis galeriste.

Par Florence CANARELLI
 

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- "L'univers artistique, l'essence même de l'art, m'ont toujours questionné … Hier médecin et collectionneur, passionné de peinture et de sculpture, je veux aujourd'hui prendre position en qualité de galeriste".

Avec un père ébéniste d'art, Norbert Pastor est depuis toujours sensibilisé à l'art, graphique en particulier. Mais sa première vocation sera la médecine.

Né en Algérie en 1947, il veut être médecin depuis l'âge de 7 ans … Très exactement depuis le jour où il assiste à un attentat meurtrier : une petite fille déchiquettée devant les yeux de sa mère.

Dans sa jeunesse, il dessine beaucoup - en particulier des forêts, comme un refuge contre la douleur : "plus tard, j'aurais des peintures chez moi", se dit-il alors.

En 1962, sa famille quitte l'Algérie, chassée par la guerre, et débarque à Toulouse, où il vivra durant une année. C'est une période difficile, où il faut repartir de zéro : Norbert connut même une expérience d'ouvrier à la chaine dans une usine de limonade … du moins durant l'été pour payer ses études.

Il vivra ensuite entre Nice (où il fait sa scolarité au lycée Masséna) et Marseille (ses études de médecine), pour finalement soutenir sa thèse à Nice.

Bientôt installé comme généraliste à Nice, il passe déjà, avec son épouse infirmière, originaire du petit village de l'Escarène, une grande partie de ses loisirs dans les musées. 

Déjà proche du milieu artistique local,il fréquente le critique Jacques Lepage et Georges Tabaraud, journaliste au Patriote Côte d'Azur, un ami de Picasso, Miotte ou Magnelli.
Durant l'été 1975, il rencontre certains des membres du mouvement Supports/Surfaces qui exposent alors à Coaraze, comme le sculpteur Bernard Pagès - une manifestation devenue historique. Sans oublier le céramiste Jacky Coville et son épouse Françoise, qui vivent alors à Coaraze et dont il deviendra le médecin et l'ami.

Avec son épouse, Norbert Pastor "travaille beaucoup" : sans oublier d'accrocher, sur les murs de la maison de retraite qu'il a fondé et qu'il dirige, nombre de lithographies, peintures, et autres gravures :"Je crois beaucoup en l'art-thérapie" !
Pourtant, c'est plutôt le secteur médical que choisiront ses trois enfants, malgré ses mises en garde sur une "profession de médecin qui devient de plus en plus un prestataire de services".

Décidé quant à lui d'arrêter, quelque peu déçu par l'évolution de la profession, il réalise enfin son rêve et ouvre sa belle galerie blanche de la rue Valperga au printemps 2006.

Son objectif : présenter à Nice et sur les scènes internationales des artistes dit "émergents", comme Marc Chevalier, Cédric Teisseire, Florence Olbrecht, Marie-Eve Mestre, Gilles Miquelis, Caroline Challan-Belval, Owen Kwon, mais aussi les valeurs confirmées qui lui tiennent à coeur comme Jacqueline Gainon, Martin Caminiti, Anne Gérard, ou … Jacky Coville, dont il aime "l'esprit créateur toujours en mouvement" et le défi de s'attaquer à de grandes dimensions, comme son merveilleux serpent de 3,40 mètres de hauteur ! 
 

Une céramique de Jacky Coville, 
artiste-phare de la galerie 
et ami de 35 ans de Norbert Pastor


 

La Fontaine "Renaissance" 
signée Jacky Coville

C'est également à Jacky Coville qu'il a demandé un projet de fontaine pour le jardin de sa résidence-retraite de L'escarène.
Une Fontaine de cinq mètres de haut intitulée par l'artiste "Renaissance", et qui a une histoire étonnante.
A l'origine, une catastrophe : quatre céramiques brisées dans un accident de la route, survenu à Jacky Coville en 2000. 
Ayant la bonne idée de garder les morceaux - des blocs colorés de 250 kg - il les réutilisera habilement quelques années plus tard.

Norbert Pastor aime à raconter les deux semaines de travail pendant lesquelles Jacky, secondé par son fils Martial, s'attacha à reconstruire une sculpture à partir des débris existants : "le résultat, quelque peu déstructuré, "cubiste", est à la fois le fruit du hasard, et en même temps symbolique. J'y vois les cassures et fêlures de l'être humain, son visage intérieur, caché, derrière le visage radieux qu'on offre au monde. Les ruptures qu'on peut connaitre dans une vie, suivies d'une renaissance … Quel beau symbole pour une maison de retraite !"
 


 
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