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Moya
et les NFT
Plasticien,
performer et artiste numérique, l’artiste français
Patrick MOYA travaille en arborescence, jonglant
entre oeuvre réelle et mondes virtuels, dans une
démarche invasive et immersive qui prend comme
prétexte son nom et son image. Avec l’objectif de
devenir une « créature qui vit dans son
oeuvre ».
Quand,
en 2007, il s’est installé dans Second Life, qui
aurait pu imaginer que son Moya Land serait un
univers aussi persistant, toujours situé à la même
adresse, sur les mêmes serveurs depuis plus de 13
ans. Pas étonnant de retrouver Moya aujourd’hui en
pionnier des ventes d’oeuvres d’art certifiées par
les NFT.
A
l’aise avec un pinceau aussi bien qu’avec un
ordinateur, Patrick Moya commence dès 1985 par écrire
son nom en basic sur Thomson MO5, avant de numériser
son petit « moya » pour réaliser des images puis des
films en 3D.
En
2007, il découvre Second Life (SL), célèbre métavers
dans lequel il reconstruit tout son univers,
partageant depuis lors sa vie entre réel et virtuel.
Reconnu dès 2008 comme un artiste numérique (deux
pages lui sont consacrées dans le premier Panorama des
arts numériques en France, MCD éditions), il vit avec
passion cette deuxième vie, participant par exemple en
2009 à la « Renaissance virtuelle » : c'était le titre
de la première grande exposition des artistes de SL,
qui eut lieu dans le musée d’anthropologie de la ville
de la Renaissance italienne, Florence, où une salle
entière était consacrée à la « Civilisation Moya ».
En
2011, une nouvelle « Civilisation Moya », voyait le
jour sur les murs du centre d'art La Malmaison de
Cannes, donc dans la vie réelle cette fois : une
fresque-installation peinte de 90 mètres de long sur 4
mètres de haut qui racontait son parcours artistique.
Sauf que cette exposition était reproduite à
l'identique dans SL, ce qui permettait au visiteur de
rencontrer l'avatar de l'artiste (grâce à un
ordinateur en libre accès) et de parcourir en sa
compagnie son univers virtuel.
En
pionnier des univers virtuels, il utilise aujourd’hui
de manière optimum toutes les incroyables ressources
de ce métavers mondialisé : construction d’un musée
idéal, puis, à la manière d’un urbaniste, d’une
véritable ville, ce qui lui offre l’opportunité de
faire des visites guidées (en voiture ou avion
virtuels) pour montrer tout l’éventail de son travail;
participation à d’innombrables expositions,
vernissages, conférences, interview… et opportunité de
rencontres sans limite (communication facile grâce au
traducteur automatique en toutes les langues)… Mais
aussi, réalisation de maquette 3D pour préparer une
exposition, même à distance entre l’artiste et le
curateur, puis conservation de cet événement
revisitable à l’infini. Sans oublier les nouvelles
possibilités de transformer en volume et d’animer des
personnages à l’origine en dessins ou peintures (grâce
à l’aide de « builders » spécialisés de SL, 2021)…
Bref,
construction d’un monde idéal dans lequel l’artiste
peut enfin, par le biais de son avatar, vivre à
l’intérieur de son oeuvre tout en rencontrant son
public en direct et à distance.
En
2021, Moya n’a pas attendu la mode des NFT pour créer
des oeuvres numériques à vendre dans une galerie
spécialisée de son ile virtuelle.
Rappelons
que dès 2007, il avait déjà mis en vente des oeuvres
numériques créées dans SL à la foire d’art de
Strasbourg (ou du moins des images numériques
imprimées sur toile représentant ces oeuvres). Et dans
une performance avec une agence immobilière à Nice, il
vendit des sculptures numériques pour 20 euros, à des
collectionneurs qui, pour certains, n’avaient pas
d’ordinateur !
Autre
prouesse de Moya, avoir réussi à vendre une oeuvre
virtuelle au Crédit Agricole, première banque à
acheter plusieurs iles dans SL (dès mars 2007), par le
biais d’une « caisse locale Futura 2.0 » virtuelle,
mais composée de vrais administrateurs de la banque
verte, qui avait même organisé une exposition de vente
d’œuvres de l’artiste au profit du Téléthon.
Ci-dessous
et à gauche, la foire d'art de Strasbourg, St'Art,
en 2007
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