INTERVENTION DE MOYA / Venise / 11 mai 2019
Une nouvelle urbanité virtuelle
« Les grands sculpteurs que sont Bernar Venet et Ren Jun sont plus
qualifiés que moi pour vous parler de la sculpture monumentale dans
l'espace urbain.
Je peux par contre vous parler de ma propre ville, « Moya
Land ». Celle que j'ai créée dans le monde virtuel de Second Life.
C'est un jeux vidéo interactif où je vis la moitié de mon temps.
J'expérimente dans cette ville virtuelle ce que pourrait être l'art si
nous ne vivions que dans les réseaux informatiques.
Si vous voulez connaître cette « ville », il suffit de créer votre
avatar et vous laisser transporter dans ma voiture virtuelle pour une
visite guidée : vous constaterez que toutes mes expositions y sont
reproduites à l'identique et que c’est également le lieu où je
travaille à la préparation de mes expositions futures dans un studio
virtuel et interactif. J’y fabrique aussi des sculptures
virtuelles qu'on peut acquérir sur un marché numérique.
Ce fonctionnement artistique met l'artiste dans la position d'être lui
même un personnage de son oeuvre. Le créateur devient une créature.
Si nous vivons une partie de notre vie dans les villes réelles, nous
passons de plus en plus de temps dans les réseaux et même, pour les
jeunes générations, dans les villes virtuelles des jeux vidéos. Les
rues, les bâtiments et les places de ces jeux vidéos sont aussi une
partie de notre vie. Cela le sera de plus en plus et c'est là aussi que
doit se penser un art nouveau pour ces villes immatérielles.
Mes premières grandes sculptures réalisées à Taiwan dans les années 90
étaient déjà conçues dans des logiciels informatiques, et j'ai
longtemps rêvé d'un univers virtuel accessible à tous. C'est
aujourd'hui possible.
Je travaille depuis 12 ans à l'organisation de ma ville virtuelle : au
début, mes activités réelles servaient de matière à cette construction.
Mais depuis quelques années, le phénomène s'est inversé : mes dernières
oeuvres ont été d'abord créées pour le monde virtuel avant d'être
concrétisées, comme récemment des sculptures en acier en Corée (Séoul
et Busan), de grandes fresques numériques (sur palissades de chantier
ou dans un centre commercial) ou encore des projections sur écrans
géants dans la rue à Paris.
Mais ce qui est étonnant, c'est que je n'ai jamais autant travaillé
dans le monde réel (en peinture ou en sculpture), que grace aux
rencontres faites dans ce serious game interactif qu’est Second Life.
Puisque nous parlons ici également de la Route de la soie, l'une de mes
prochaines expositions en Italie se fera au Musée de la soie, (Museo
della Seta, Belvedere de San Leucio à côté de Naples), qui est
l'ancienne manufacture de soie des Bourbons, roi de Sicile et de
Naples.
Cette exposition, (sous forme d’une grande installation) sera d’abord
conçue comme une maquette interactive dans mon univers virtuel avant
d'être construite réellement. Elle évoquera une route de la soie
virtuelle, que nous pourrons parcourir ensemble ... et qui nous
ramènera vers le réel. »
|
LA CONFERENCE
Pour le lancement officiel de la biennale de sculptures urbaines de la nouvelle ville de Qin Han
Date : Le samedi 11 mai 2019 à Venise
Thème : « Une nouvelle Route de la Soie entre Venise et Xi’an pour le développement de la sculpture urbaine »
Echanges entre les artistes Ren Jun et Bernar Venet
avec la participation exceptionnelle de Patrick Moya et Jean-Daniel Lorieux
Reliant l’Occident à l’Orient, la Route de la Soie demeure plus que
jamais un axe mythique qui a permis pendant des siècles des échanges
commerciaux, religieux, scientifiques et culturels entre peuples divers
et mutuellement lointains.
A son extrémité chinoise se trouve la ville de Xi'an , capitale de la
province du Shaanxi. Forte de 3000 ans d’histoire, berceau des
dynasties Qin, Han et Tang, Xi’An s’est fortement développée ces
dernières années et compte dorénavant, au-delà de ses remparts, la
nouvelle ville de Qin Han, choisie pour accueillir la toute première
exposition internationale de la sculpture urbaine, prévue courant 2020.
A l’autre bout de la Route de la Soie se trouve Venise, ville natale de
Marco Polo, capitale de l’art et berceau de la culture occidentale.
Elle est la première ville au monde à avoir présenté en 1895 sa
biennale d’art, désormais reconnue comme l’événement le plus influent
du monde de l’art et de l’architecture.
Relier de nouveau ces deux extrémités Est et Ouest de la Route de la
Soie est apparu évident pour accueillir la conférence sur le
développement de la sculpture urbaine, qui se tiendra le samedi 11 mai
2019 au Cercle des Officiers de la Marine Militaire à Venise, dans le
cadre du My Art Guide Venice Meeting Point intitulé cette année « Asia
Focus ».
Suite à son urbanisation éclair depuis les années 2000, la Chine se
retrouve face à un nouveau défi : rendre ces nouvelles villes plus
humaines en développant des projets d’urbanisation qui répondent à des
objectifs tant quantitatifs que qualitatifs. Les autorités souhaitent
ainsi donner une place à la culture en favorisant notamment le
développement de l’art public.
L’ambition de la future exposition internationale de sculpture urbaine
de la nouvelle ville de Qin Han sera de créer une passerelle culturelle
entre la Chine et l’Occident, d’initier et de renforcer les échanges et
la coopération entre les artistes chinois et étrangers et de comprendre
les attentes esthétiques du public chinois et international, compensant
ainsi les vides de la biennale traditionnelle occidentale dans le
domaine de l’art public.
- Préambule : Discours de la délégation officielle chinoise:
présentation de la nouvelle ville de Qin Han et de son projet
d’exposition internationale de la sculpture urbaine
- Présentation des artistes internationaux présents : Ren Jun, Bernar Venet, Patrick Moya, Jean-Daniel Lorieux
- Allocution de l’artiste chinois Ren Jun à propos de l’exploration de
nouvelles façons de construire un espace d’art public dans les villes
chinoises, intervention de l’artiste français Bernar Venet à propos de son
expérience internationale avec ses sculptures urbaines, ainsi que de Patrick Moya à propos d'une "nouvelle urbanité virtuelle".
|
|
