COLLECTIONNEUR
 
LIEVEN DE BUCK,
une reconversion artistique
 

De sa première vie de photograveur, il a gardé un oeil pour la "sélection des couleurs".
Reconverti aujourd'hui en galeriste, il est heureux comme un poisson dans l'art ! 
 

Par Florence CANARELLI


 
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Fils d'une famille nombreuse, (quatre frères et trois soeurs), Lieven de Buck est né en 1949 en Belgique, à Wetteren (à 15 km de Gand).
Son père, photographe, possède un laboratoire de développement de photos avec son frère et son beau-frère : une superbe réussite, puisque "DBM COLOR" rachètera plusieurs laboratoires en Europe avant d'entrer en bourse sous le nom de Spector en 1989.
Autant dire que Lieven, avec un grand-père lui aussi photographe à l'époque du noir et blanc, grandit dans le milieu des arts graphiques.
C'est d'ailleurs dans ce domaine qu'il obtient son diplôme (niveau ingénieur), avant de fonder sa propre société de photogravure dans sa ville natale. 
C'était au début des années 70, à l'époque de l'arrivée de l'offset, une bonne opportunité qu'il sut saisir.
Son premier client ? Jacques Séguéla … rencontré par hasard, suite à un stage fait chez Kodak à Paris, et car le "fils de pub" cherchait une société capable de travailler en continu, jour et nuit !

 
Ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, l'entreprise "Photogravure de Buck" travaillait pour de grandes agences de publicité, souvent françaises, et employait 90 personnes … du moins jusqu'aux années 90 et l'arrivée du numérique.

Ce fut une période très difficile, qui a modifié toute la chaine graphique : finie, la sélection des couleurs par le photograveur, elle se fait désormais toute seule. 

Il arrête tout en 1997, après avoir "perdu beaucoup d'argent", et fait le constat de la mort de son ancien métier.

Mais Lieven de Buck n'a pas tout perdu : il a, durant ces 35 années, côtoyé de nombreux artistes et acquis une solide réputation de qualité auprès d'eux.
Christo fut un des premiers à utiliser ses services, puis vinrent les grands musées ou la Dokumenta de Kassel, pour lesquels il fabrique d'énormes et somptueux catalogues.
Lieven se rappelle en particulier une "fantastique soirée passée avec Christo à Gand, il y a 35 ans" !


 
Après avoir travaillé pour Tom Wesselman, Karel Appel ou Corneille, comment ne pas devenir collectionneur.

D'autant plus qu'il avait racheté un magazine qui consacrait deux pages à une rencontre avec un artiste (c'est ainsi qu'il a pu rencontrer Arman à New York).

Et d'autant mieux, surtout, quand on est ami intime de Guy Pieters, qui a ouvert sa galerie à Knokke le Zoute au début des années 70.

Durant 25 ans, Guy et Lieven passent ensemble leur vacances : tous les ans en septembre, ils se retrouvent en famille une semaine à Cannes dans la maison d'un ami. Au programme, golf, pétanque … et une journée à Saint Paul de Vence. Pour visiter la fondation Maegth et manger à La Colombe d'Or.
Sur le chemin, toujours un petit détour par la galerie d'Alexandre de La Salle, qui cherche à vendre … jusqu'au jour où Guy Pieters se décide à racheter la galerie, avec l'accord de Lieven d'en devenir le directeur.


 
 

Lieven de Buck chez lui, entouré de 
quelques uns de ses artistes préférés : 
Villeglé, Niki de Saint Phalle, Farhi…

Depuis lors, Lieven s'est installé à St Paul avec son épouse Dorothée, y a acheté une maison et … continue à travailler autant qu'avant, tous les jours de la semaine sans interruption, week-end compris. 
Pas facile, le métier de galeriste, quand il faut gérer les relations avec les artistes : "Je comprends les artistes. Ils sont exigeants et c'est normal : notre métier, c'est de faire en sorte qu'ils se sentent bien". 

Même si, arrivé à 58 ans, il vient de décider de penser un peu à lui, en embauchant trois personnes. 
Mais sans jamais avoir regretté une seule seconde sa décision : "je suis très heureux ici. Je profite au maximum de la qualité de vie dans cette belle région, mais je me donne à fond à la galerie, et mes clients le savent.
Même si ses enfants sont resté en Belgique : un fils David à Bruxelles dans une banque privée (Lombard Odier Darier Hentsh), un deuxième fils Matthias qui y termine ses études de sciences économiques.

Dans sa villa de Saint Paul, entouré de sa collection personnelle - un Ben (qui dit"J'aime aimer" sur fond azur), une superbe affiche lacérée de Villeglé, une petite colonne de Farhi, des vases Niki de saint Phalle … Lieven de Buck est un heureux homme !


 
 
GUY PIETERS
 

Si l'on en croit Ben, l'agitateur niçois bien connu, "Guy Pieters aime l'art qui marche, qui plait".
Et il n'en a pas honte !
Il se serait tourné vers l'art contemporain suite à une rencontre avec Arman, et s'intéresse depuis lors aux artistes du Nouveau Réalisme en France et du Pop Art aux Etats-Unis.
Guy Pieters a fondé sa galerie d’art en 1981. Né dans un village flamand, Sint-Martens-Latem, connu pour son rayonnement culturel, il commence très jeune à apprécier les peintres régionaux expressionnistes (Gustave De Smet, Frits Van den Berghe, Constant Permeke) et impressionnistes (Emile Claus, Jenny Montigny, Leon De Smet). Adolescent, il est très impressionné par l’impact du Pop-Art, Cobra et le Nouveau Réalisme dans le monde international de l’art. Les oeuvres d’artistes comme Joan Miro, Pablo Picasso, Jackson Pollock, Sam Francis, les Surréalistes Salvador Dali, Paul Delvaux, René Magritte et surtout les peintres du mouvement Cobra le fascinaient.
Il ouvre sa galerie dans la station balnéaire très chic de Knokke-le-Zoute en 1981.
Sympathique, entreprenant, Guy Pieters ne choisit que les meilleurs et se fait rapidement une réputation de grand galeriste, bien au delà de sa Belgique natale.
C'est en 2000 qu'il rachète la galerie d'Alexandre de La Salle, avant de l'agrandir considérablement : aujourd'hui, il dispose à Saint Paul de Vence, de 750 mètres carrés de surface d'exposition et encore de 4000 mètres d'un magnifique jardin.
De quoi mettre en valeur de façon optimale les oeuvres des plus grands artistes de notre temps.


 
 

Guy Pieters


 

La galerie Guy Pieters de Saint-Paul de Vence

La ligne directrice n'a pas changé depuis les débuts : le mouvement Cobra (Appel, Alechinsky, Corneille), le Pop Art américain (Indiana, Rosenquist, Wesselman, Sam Francis, Jim Dine), les Nouveaux Réalistes (Klein, Arman, César, Niki de Saint Phalle, Christo, Villeglé, Rotella, Spoerri, Gilli).
Et aussi de grands noms comme Jean-Michel Folon, Benar Venet, Wim Delvoye, Jan Fabre, David Spiller, Jean Miotte ou les Lalanne.

Plus récemment (2003), Guy Pieters s'est pris de passion pour le peintre français Robert Combas, chef de file de la Figuration Libre, qu'il défend désormais avec conviction, lui ayant obtenu en cet été 2007 une superbe exposition sur le thème du Cinéma à La Malmaison de Cannes.

Aujourd'hui, Guy Pieters et Lieven de Buck travaillent de concert, l'un en Belgique l'autre dans le sud de la France, à défendre les mêmes artistes, parmi les plus "exceptionnels", participant à plusieurs importantes foires d'art contemporain

En projet : une très belle rétrospective Arman prévue pour dans deux ans.


 
 
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