COLLECTIONNEUR
 

HERVÉ SHIMONI,
Un collectionneur devenu galeriste a
 

Le visage lisse et serein de celui qui réalise ses rêves : faire partager sa passion de l'art contemporain au plus grand nombre. Dans sa maison-galerie, entouré des oeuvres de ses artistes préférés et secondé par sa fille Jeanne, Hervé Shimoni a tout d'un homme heureux.
 

Par Florence CANARELLI


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Né dans une famille des métiers de bouche : un père lorrain, une mère originaire du Périgord, un frère aîné et une petite sœur, une enfance heureuse, studieuse en institution scolaire, passée à jouer aux scouts, à apprendre le piano et courir les musées … Ce qui dénote déjà une sensibilité artistique et humaine, dont il lui est resté un amour de toutes les musiques, classiques et contemporaines et de l'art en général.
Pourtant, il arrête l'école à 13 ans afin de devenir apprenti dans la boucherie familiale de Montigny-lès-Metz : là, il apprend le métier, s'occupant aussi bien de la fabrication des charcuteries que d'élevage de bovins, avant de reprendre l'affaire en tant que patron en 1976.

 

Jusqu'en 2001, il restera "boucher-charcutier", ce qui ne l'empêche pas de s'intéresser à l'art, d'abord en tant que collectionneur, puis en ouvrant en 1991 une première galerie, « Arts Gambetta » à Metz dans le quartier impérial. Le déclic ? Sans doute ses diverses rencontres dans le monde artistique, qui lui font exposer plusieurs artistes, des confirmés aux jeunes talents.
En 1998, il s'associe avec Rémy Mathiot, fondateur de la galerie Cour Carrée, spécialisée dans l'art concret et installée à Paris rue Quincampoix ; c'est avec lui qu'il ouvre, en 2000, un show-room de 500 m² dans le centre d'affaires La Tannerie à Saint Julien-lès-Metz : « à l'époque, nous avions une réserve d’environ 2000 œuvres d’artistes que nous montrions au public comme s’il visitait un atelier new-yorkais ou berlinois ». Autant d'œuvres qu'ils proposent à la vente ou à la location, aux particuliers comme aux professionnels, ce qui leur permet de développer le concept « art-entreprise ».



Hervé Shimoni avec Patrick Moya, avec Jean-Pierre Raynaud, avec Pierre-Marie Lejeune

Hervé Shimoni travaille ainsi avec de nombreuses entreprises (BNP Paribas, Banque Kolb, Gencod, Arcelor, Espace Pierre Cardin, Groupe Smart, Snecma…), de même qu'avec les institutions (Arsenal de Metz, Conseil Général, Conseil Régional, FRAC Lorraine...).
En 2001, il cesse son activité de boucherie pour se consacrer entièrement à sa passion.
En 20 ans, peintures, sculptures, photos, installations...il organisera des expositions qui font date avec les grands noms de l'art contemporain d'aujourd'hui : Philippe Berry, Philippe Bouveret, Bob Brennen, Giorgio Laveri, Pierre Marie Lejeune, Jacques Villeglé, Ottmar Hörl, les photos de Wolfgang Volz sur Christo et Jeanne Claude, Jean-Pierre Raynaud, Daniel You.
Sans oublier l'Ecole de Nice, qu'il affectionne : Ben, Groupe BP, Bernar Venet, Patrick Moya, Jacky Coville … tout en découvrant de nouveaux créateurs, comme Pejman, Bruno Tomassi, Richard Muller et plus récemment Matthieu Bauchat et Philippe Cousin.
De même que, en partenariat avec la Cour Carrée, Jean-Paul Albinet, Nemours-Molnar-Legros-Bertrand, Leick-Hallou-Gagliardi, Matsutani, Daniel Pandini, Germain Roesz. 

 
 

Hervé et Jeanne Shimoni
Début 2008, il s'installe dans une maison-galerie entourée d'un jardin de sculptures. Rebaptisé « Shimoni Gallery », c'est un lieu où l'on se sent « comme à la maison » .

A l'intérieur, le moindre recoin de ce mini hôtel particulier est envahi par l'art - couloirs, bibliothèque, escalier, bureau … Depuis la cuisine, vue imprenable sur les peintures accrochées au salon.

A l'extérieur, les sculptures monumentales trouvent leur place dans un jardin spécialement aménagé.
Désormais secondée par sa fille Jeanne et par Christophe Giacometti, le directeur de la Shimoni Gallery est bien parti pour conquérir le monde … de l'art contemporain en tout cas !


 
D'humeur toujours égale, plutôt réservé voire secret, il sait se faire apprécier - et respecter - de tous.
C'est en passionné qu'il s'intéresse au passé, à l'histoire en général : « c'est une vraie encyclopédie dans ce domaine » dixit sa fille Jeanne. Il connaît par cœur l'histoire de la Lorraine, sa région natale, qu'il défend avec ferveur : « la Lorraine, une région souvent décriée mais qui a su au fil du temps toujours se battre, se relever et s'imposer grâce à sa situation frontalière, ce qui en fait un repère inter culturel de liaison avec l'Europe ».		  
 
 



 

 Hervé Shimoni défend un art contemporain «vivant car libre»

Une galerie avec laquelle devra compter la ville de Metz, les institutions régionales voire bien au-delà, dans les années qui viennent, en tant que référence culturelle. Alors que la ville de Metz prend le virage de l'art contemporain avec l'ouverture du Centre Pompidou, Hervé Shimoni continue sur sa lancée et organise, en partenariat avec le Conseil Général de la Moselle, une grande exposition rétrospective sur Niki de Saint Phalle au Château de Malbrouck, dans la région des trois frontières (France, Allemagne, Luxembourg).
Mais c'est pour mieux s'intéresser à ses contemporains, et leur faire découvrir et aimer l'art d'aujourd'hui.
Tout en restant farouchement indépendant : « je ne tiens pas à entrer dans des systèmes tels que le Frac ou la Drac, si spécifiquement français … je préfère développer ma galerie sur mes fonds propres, pour ne pas avoir de comptes à rendre. D'ailleurs, dans l’histoire de l’art, ce sont les collectionneurs privés qui ouvrent la voie. L’art doit être entièrement libre pour vivre. »



VOIR LES VIDEOS ;

- Dans le jardin de la Shimoni Gallery : http://www.youtube.com/watch?v=hfSag9ZR9P8

- Exposition "Moya Circus" en novembre 2009 : http://www.youtube.com/watch?v=skRc81gyb_k

- Le maire de Metz parle avec un avatar : http://www.youtube.com/watch?v=OOjDz1X5S_8
 
 
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