PORTRAIT
. FRANCK MICHEL . GALERISTE
Échange
et partage sont des valeurs fondamentales aux yeux de Franck
Michel, 43 ans, qui ouvre son « Atelier » en 2012 à Nice,
sa ville natale, dans le quartier des antiquaires.
Des
yeux et des cheveux noirs de jais, un regard vif, rieur et
chaleureux, Franck Michel est sans conteste un homme du sud,
comme en témoigne ses origines, sicilienne par sa mère et
espagnole par son père.
Silvana,
née à Gap, n’a que 18 ans quand elle épouse Jean Lucien
Michel, né à Oran mais qui vit à Nice, où il travaille
comme serveur.
Franck
nait à Nice le 17 décembre 1979 et y vivra une enfance « un
peu perturbée » par le divorce de ses parents quand il
n’a que deux ans et demi. Franck ne reverra son père
que beaucoup plus tard, et rarement. Un père qui sera vite
remplacé par un beau père, le lien familial étant
préservé, même si la famille déménage souvent, le petit
Franck étant obligé de s’adapter à de nouvelles écoles.
Pas d’enfance malheureuse, donc, grâce au caractère fort
de Silvana, sa « confidente » dont Franck est
resté très proche aujourd’hui encore.
Quand
arrive le temps du lycée, Franck est excellent en math et
montre beaucoup de facilités mais il déborde d’énergie
et n’aime pas être commandé. A 15 ans, il sait déjà ce
qu’il veut faire, « ébéniste », suite à un
« premier contact avec le bois » qui lui a fort
plu, contre l’avis de ses profs qui le verraient bien
poursuivre des études.
En
attendant, dans sa classe du Lycée Pasteur, il fait le pitre
et rêve d’être pilote d’hélicoptère, mais sa vue
mauvaise le lui interdit. Par contre, casse-cou comme on peut
l’être à cet âge, il n’a peur de rien et roule à fond
sur son scooter, se shootant à l’adrénaline … Jusqu’au
jour où il tombe et est ramassé en miettes, deux fois de
suite. Suivront plusieurs séjours à l’hôpital et six
mois d’immobilisation.
C’est
« le bras encore faible » qu’il passe son CAP,
où il est reçu avec une note de 9,75 pour la fabrication
d’un meuble. Après le Bac professionnel, il veut aussitôt
voler de ses propres ailes et fait divers petits boulots :
pompiste à Villefranche, livreur (il ira jusqu’à Berlin),
menuisier dans le bâtiment, avant d’être embauché chez
un grand antiquaire de Metz, pour restaurer des meubles, ce
qui le passionne. Mais il fait trop froid dans l’Est et,
huit mois plus tard, il revient sur la Cote, redevient un
temps livreur, puis travaillera durant plus d’un an chez un
restaurateur de meubles anciens dans un atelier niçois.
A 25 ans, il vole déjà
de ses propres ailes
Au
bout de cinq année de travail salarié, Franck Michel se met
enfin à son compte, ouvrant à Nice un Atelier de
restauration de meubles et d’antiquité-brocante, rue
Rossini. Il a 25 ans : « L’ébénisterie me passionne
toujours, j’aime le contact avec le bois et faire revivre
le passé, les époques lointaines. Je suis sensible à l’art
mais je ne suis pas un créateur, je n’ai aucune
frustration de ce côté »
A
croire qu’il était fait pour être galeriste !
Il
reste six ans rue Rossini, où il commence à exposer
quelques meubles industriels peints par de jeunes artistes.
Puis, c’est à l’occasion d’un salon d’art qu’il a
un coup de coeur pour les peintures pleines de couleur et de
gaité de Didier Triglia, présentées par son galeriste de
Montauban. Il propose de le représenter à Nice. Ainsi nait
une complicité avec cet artiste né à Perpignan,
autodidacte qui travaille de manière spontanée, au feeling
: encore un homme du Sud, qui déborde de créativité et de
joie de vivre.
C’est
peu de temps après qu’un ami le conduit dans l’atelier
niçois de Patrick Moya, qui vient de quitter la galerie de
Guillaume Aral (désormais inscrit sur une liste Front
National !). Le courant passe aussitôt entre le futur
galeriste et l’artiste, qui décide de lui confier quelques
premières oeuvres. Une manière de lui mettre le pied à
l’étrier, et une chance que Franck saisit en décidant
d’ouvrir … une galerie d’art !
Plein
de courage et d’entrain, il trouve un local bon marché
dans le Village Ségurane, célèbre quartier des Antiquaires
près du port de Nice, alors plutôt assoupi. Et, six mois
durant, il se met en tête de rénover de fond en comble ce
local vieillot, décroutant murs et plafonds, décapant le
sol pour faire apparaitre le béton … Tout seul, de ses
mains !
Mais
le résultat est là : c’est dans un local méconnaissable,
atypique et plein de charme, qu’il peut lancer son premier
vernissage. Nous sommes fin 2012, et Franck Michel a le
tournis de voir débarquer ce jour là dans sa jeune galerie
tout le petit monde artistique niçois, attiré par des têtes
d’affiche comme Moya ou Nasica. L’Atelier Franck Michel
est lancé !
Perfectionniste,
« peut-être trop rigide » mais droit et honnête,
de caractère fort, franc et volontaire, peu influençable,
il aime « avancer » et travailler sur le long
terme.
C’est
ainsi que, peu à peu, Franck Michel trace son propre chemin,
attirant à lui de nombreux artistes qui, pour certains, ne
font que passer : « pas assez de complicité ».
Une
manière de faire ses armes, sans doute. Car s’il lui faut
un coup de coeur sur l’oeuvre, il veut également « un
bon contact sur le plan humain, une complicité. Travailler
ensemble et dans le même sens ».
Aujourd’hui,
l’Atelier Franck Michel défend toujours ses premières
recrues, Moya, Nasica et Triglia, auxquelles sont venues
s’ajouter le grand céramiste de Biot Jacky Coville (né en
1936), et deux jeunes femmes artistes de grand talent, Mulia,
très coloriste et Marion Poix, plus minimaliste.
Sans
oublier le street art, pour lequel Franck Michel a un intérêt
générationnel : citons Romain Bagriot, dit Blondin.91, de
Mulhouse, né en 1991, qui a commencé en taguant sur des
trains ses dessins minutieux aux formes entrelacées et est
aujourd’hui également tatoueur, et Jeremy Besset, grapheur
né en 1984 qui travaille sur les lettres multicolores,
L’Atelier
propose également quelques uns des plus fameux artistes de
l’école de Nice : Sacha Sosno, Claude Gilli, Arman,
César, Ben…
Récemment,
on lui a confié le fond d’atelier de Victor Hasch
(portraitiste abstrait dans l’esprit de Basquiat,
1945/2012) et de Le Bateleur (pochoiriste, un des pionniers
du street art, 1961/1996).
L'Atelier
Franck Michel- 28 rue Ségurane 06300 Nice - 10h - 12h30
/ 14h30 – 19h - Fermée Mercredi et Dimanche
+33
(0) 4 93 04 62 89 - contact@latelierfranckmichel.fr
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