QUE RESTE-T-IL DE 
L'ECOLE DE NICE (en 2007)

Quel point commun entre le Nouveau Réalisme (donner à voir des objets de la société de consommation), Fluxus (tout est art), Support-Surface (libérer la toile du châssis) ? Aucun sauf que ces trois mouvements ont marqué l’histoire de l’art contemporain et que chacun possède d’illustres représentants nés à Nice ou ayant choisi d’y vivre.

Par Florence CANARELLI




Moya, Ben et Dolla à Nice en juillet 2007
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Les "historiques" : Arman, Yves Klein, César

 

Ben et Moya à Monaco (février 2007)

Quel rapport entre le bleu de Klein et les compressions de César, les accumulations d’Arman, les madones de supermarchés d’un Martial Raysse et les écritures de Ben ? Entre les oblitérations néoclassiques d’un Sosno, les assemblages géométriques grand format de Jean-Claude Farhi, les coulées et traces d’escargots de Gilli, les arcs minimalistes de Bernar Venet, l’aliment blanc et les paillettes de Malaval, les patchworks d’Alocco, les gestes picturaux et tentatives de sortie du tableau d’un Noël Dolla, le langage géométrique coloré de Chubac ou de Nivèse, les cages à mouche et les discours-performances de Jean Mas ou l’univers pseudo-narcissique d’un Moya multimédia … pour ne citer que les plus célèbres.

Aucun si ce n’est qu’ils appartiennent tous à une École de Nice qui n’est pas une “école”, mais désigne un lieu - Nice - comme terreau pour l’éclosion d’individualités fortes, souvent hautes en couleur, plus ou moins rebelles et extraverties. Et qui toutes se sont “posées en s’opposant” à Paris.


 
Expositions, catalogues, articles, livres, films : l’École de Nice finit par exister !

Nice en 1950 est une ville de province qui dort au soleil, sans université, sans activité culturelle, si ce n’est quelques musées vieillots.
Loin de Paris, mais fière d’elle-même, Nice est, quelques années plus tard, réveillée par trois artistes niçois - Yves Klein, Arman et Martial Raysse - qui inventent, contre l’École de Paris alors abstraite, un “Nouveau Réalisme” inspiré de Dada et de Duchamp qui met l’objet au rang d’oeuvre d’art. Bientôt rejoints par le marseillais César, alors déjà bien connu comme sculpteur, nos trois niçois seront les premiers mais pas les derniers à faire parler de Nice.
Car après les Nouveaux Réalistes niçois, s’ajouteront peu à peu de fortes personnalités comme Ben l’agitateur (né à Naples) et Sosno l’oblitérateur (né à Riga).



Ben



 
C’est à Nice qu’enseigne le nîmois Claude Viallat, quand il fonde, en 1967, “Support-Surface”. Bientôt suivi par quelques uns de ses élèves qui formeront le Groupe 70.

C’est dans la région niçoise (à Vence puis St Paul) que le galeriste Alexandre de la Salle organise la première rétrospective “école de Nice”, ensuite imité par Jean Ferrero à Nice. 

Les critiques d’art ont joué un rôle clé : en commençant par le plus célèbre,  Pierre Restany, inventeur du Nouveau Réalisme mais qui ne nie pas l’existence d’une “école de Nice”, puis Jacques Lepage, très présent et curieux de la scène artistique niçoise durant toute sa vie.

Jean Ferrero, 
fondateur de 
la galerie 
qui porte son nom


 


Sacha Sosno

Et plus près de nous, Frédéric Altmann, chroniqueur à Nice-Matin.
Ancien journaliste, Sosno n’est pas en reste pour défendre l’existence d’une “école”, dont il possède chez lui toutes les preuves : affiches de rétrospectives en Asie ou en Floride, livres (le roman de l’École de Nice d’Édouard Valdman), film (L’École de Nice par Christian Passuello)… 

Si l’on s’en tient aux textes, l’École de Nice existe bel et bien, sans jamais avoir fixé ses limites. 

Dans cette “école” en kit, à chacun de fabriquer la sienne. 


 
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